mercredi 28 janvier 2015

BELGIQUE: Kukurarikira kwitabira imyigaragambyo y'i Bruxelles ku ya 04/02/2015




dimanche 18 janvier 2015

RWANDA/FDU-INKINGI: les conditions de détention de Victoire Ingabire dénoncées


par RFI


Cela fait cinq ans ce samedi que l'opposante Victoire Ingabire, présidente des FDU, les Forces démocratiques unifiées, est rentrée au Rwanda. Candidate à l'époque à la présidentielle, elle avait été arrêtée puis condamnée pour « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre » et « minimisation du génocide ». Aujourd'hui, ses partisans dénoncent la dégradation de ses conditions de détention.


On a renforcé la sécurité autour de sa cellule, et bien sûr que cela fait peur. Les visites ont été limitées sans explication. [...] L'objectif du gouvernement, c'est de la casser moralement. 
 
Joseph Bukeye  
Deuxième vice-président des FDU  
17/01/2015 - par Pierre Pinto

ÉCOUTER:
Rwanda: les conditions de détention de Victoire Ingabire dénoncées - Afrique - RFI

mardi 6 janvier 2015

RD Congo – FDLR : Une guerre pour relancer le chaos ?


par MUSAVULI
lundi 5 janvier 2015

Source: RD Congo – FDLR : Une guerre pour relancer le chaos ?

C’est avec une certaine résignation qu’on assiste aux prémices d’une nouvelle opération d’envergure dans l’Est du Congo, officiellement pour mener la traque aux rebelles hutus rwandais des FDLR. L’opération, bien évidemment, va générer de nouveaux drames individuels et collectifs dont le Congo, pour une fois, se serait bien passé. En effet, rares sont les voix qui osent assumer le fait qu’une action militaire contre les FDLR, à ce jour, n’est ni indispensable, ni porteuse de solutions durables au problème que pose leur présence, qu’il ne s’agit nullement de cautionner, par ailleurs. En réalité, les autorités de Kinshasa et la Monusco vont mener cette opération pour « se conformer »aux pressions du président rwandais Paul Kagame, qui menaçait d’envoyer, à nouveau, ses troupes dans l’Est du Congo. 

 

Du coup, les responsables onusiens versent dans la rhétorique guerrière, tandis qu’un climat anxiogène est entretenu dans les médias, comme d’habitude, pour préparer les esprits à « accepter » les atrocités qui vont être commises. C’est ainsi que le samedi 3 janvier, le général Abdallah Wafy[1] de la Monusco, a affirmé que l’opération militaire va débuter « à tout moment »[2]. Même son de cloche du côté du général Charles Bisengimana, le numéro 1 de la police nationale congolaise, qui a effectué le déplacement de Goma, officiellement pour organiser la sécurisation des populations au cours des l’« opération qui va commencer ». La veille, les envoyés spéciaux[3] de la « communauté internationale » affirmaient dans un communiqué conjoint qu’« il n'y a pas d'autre choix que de mettre en œuvre l'option militaire »[4]. Bref, il va y avoir une guerre, une de plus, avec les mêmes populations pour cible.

Il est pourtant encore possible d’avoir un peu de lucidité et de faire remarquer que, face aux drames que génèrent des actions militaires, la menace que représente l’ennemi à combattre doit être suffisamment importante. A ce jour, aucune menace immédiate des FDLR, pour la sécurité du Rwanda, ne justifie l’empressement à faire usage de la force. Par ailleurs, vis-à-vis du Congo, les FDLR font plutôt profil bas depuis la défaite de leurs adversaires du M23 en novembre 2013.

Parallèlement, ils continuent de réclamer un dialogue avec le pouvoir de Kigali pour faciliter leur retour dans leur pays, seule solution durable à la crise. C’est aussi l’idée qu’avait proposé le président tanzanien Jakaya Kikwete en mai 2013 mais que les partisans d’une option militaire font tout pour occulter. Pourtant, on voit mal quelle solution miracle produirait l’opération en cours de préparation sachant que, par le passé, les tentatives visant à neutraliser militairement ces maquisards avaient toutes échoué et engendré des drames humanitaires qui minaient pour longtemps les chances d’une paix durable dans la région.

Il faudra ainsi que les gens qui s’apprêtent à provoquer de nouveaux carnages dans le Kivu soient amenés à en assumer la responsabilité demain, sachant que cette option militaire ne s’imposait nullement. Par ailleurs, nous ne devrions pas perdre de vue un certain nombre de données de la problématique des FDLR qui peuvent s’articuler autour des quatre points ci-après :

1. Les FDLR ne sont pas une armée classique. On parle en réalité de groupes de familles hutues. Au premier coup de feu, on est à peu près sûr de tuer ou de blesser une femme, un enfant, un malade,… (des cibles non militaires). Les quelques combattants qui essaient de protéger leurs familles se déplacent, bien entendu, entourés de ces familles. Déclencher une opération militaire contre les FDLR signifie aller commettre des massacres, et il ne saurait en être autrement. Sachant qu’on ne devrait recourir à l’option militaire que lorsque toutes les autres sont épuisées, il faudrait que les « va-t-en-guerre » qui appellent à des actions militaires contre les FDLR promettent d’assumer individuellement les massacres et, inévitablement, les viols et les saccages qui vont être commis en marge de l’opération qui se profile.

2. Les FDLR sont au maximum une force de 1.300 individus mal équipés, et qui, de l’aveu même des autorités rwandaises, ne représentent plus une menace sérieuse pour le régime de Kigali, dont l’armée est décrite comme la plus grande de la région, en termes d’effectifs[5]. Les membres des FDLR ont commencé à désarmer et ont accepté d’être regroupés (à Kisangani notamment) dans la perspective de leur retour au Rwanda ou leur installation dans un pays tiers. Nous sommes en face d’un mouvement affaibli et dont les membres n’envisagent plus de l’emporter militairement, ce dont on peut se rendre compte en lisant leur lettre au Secrétaire général de l’ONU. Déclencher une opération militaire pousserait ceux qui n’ont pas encore désarmé à se radicaliser, tandis que ceux qui l’ont déjà fait seraient amenés à reprendre les armes pour voler au secours de leurs camarades. Les chances d’un règlement pacifique de la crise deviendraient minces pour longtemps.

3. L’armée congolaise (FARDC), même appuyée par les contingents de la Monusco, n’est pas en situation de venir à bout des FDLR. La dernière fois qu’elle a tenté de neutraliser les FDLR ce fut un fiasco monumental. Les opérations Umoja wetu[6], Kimia II[7] et Amani leo[8] ont toutes été des échecs et ont démontré les difficultés qu’il y a à venir à bout de maquisards qui maitrisent parfaitement le terrain et évitent de se battre. C’étaient des mouvements de va-et-vient. Les FDLR et leurs dépendants se délocalisaient devant l’avancée de l’armée pour s’enfoncer dans des zones difficiles d’accès. Les troupes engagées dans les opérations s’épuisaient à la marche. Elles se sont retirées des zones opérationnelles que les FDLR ont réoccupées par la suite[9].

4. La guerre en République Démocratique du Congo, quels que soient les motifs officiels avancés, est toujours l’occasion d’un accaparement des ressources minières. Le Rwanda qui fait pression sur l’ONU, pour que l’opération contre les FDLR soit menée, évite soigneusement d’évoquer la question du coltan et les bénéfices que de nouveaux troubles dans l’Est du Congo devraient lui procurer[10]. Pour rappel, le Rwanda est devenu le principal exportateur mondial de tantale/coltan, avec 28 % du total de la production mondiale[11], un minerai qu’il siphonne dans l’Est du Congo en y entretenant la guerre en permanence. Si la paix revient dans l’Est du Congo, le Congo, conformément à la loi Dodd-Frank[12], exporterait lui-même l’essentiel de ses minerais estampillés « non conflict », ce qui pourrait ruiner l’économie rwandaise du jour au lendemain.

Le président rwandais sait, par avance, que les opérations contre les FDLR vont échouer, mais qu’elles vont générer des désordres dans le Kivu. En marge de ces désordres, des groupes armés proches du pouvoir de Kigali, et même certaines unités des FARDC liées au pouvoir rwandais vont relancer la contrebande des minerais à la frontière. Plus stratégique, Kagame sait que Joseph Kabila, son allié à Kinshasa[13], ne sait plus comment légitimer son maintien au pouvoir au-delà de la limite constitutionnelle de 2016, les Congolais ayant refusé toute idée de révision de la Constitution. Relancer la guerre dans l’Est du Congo offrirait à Kabila une opportunité en or pour légitimer son maintien au pouvoir.

Toutes ces données sont supposées être connues des responsables de l’ONU, des dirigeants américains, des pays de la SADC et de la CIRGL. Ils sont pourtant au point de cautionner une opération dont tout indique qu’elle participe de la stratégie du chaos.

Boniface MUSAVULI


[1] Abdallah Wafy : Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’Onu en RDC chargé des opérations dans l’Est du Congo.
[2] « RDC : les opérations militaires contre les FDLR vont débuter « à tout moment », selon le général Wafy », radiookapi.net, 3 janvier 2015.
[3] Il s’agit, en l’occurrence, de l'Envoyé spécial de l'ONU pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, le Représentant spécial de l'ONU en RDC, Martin Kobler, le Représentant spécial de l'Union africaine pour la région des Grands Lacs, Boubacar Diarra, le Coordinateur principal de l'Union européenne pour la région des Grands Lacs, Koen Vervaeke, l'Envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs et la RDC, Russell D. Feingold, et l'Envoyé spécial de la Belgique pour la région des Grands Lacs, Frank de Coninck.
[4] « RDC : l'ONU et ses partenaires appellent à agir militairement contre les FDLR », Centre d’actualité de l’ONU, 2 janvier 2015.
[5] DESC estime qu’en considérant le nombre de ses généraux (une centaine) les effectifs de l’armée du Rwanda dépasseraient ceux des pays voisins pourtant plus étendus et plus peuplés. Cf. JJ. Wondo, « Le vrai visage du FPR, l’« Armée Sans Frontières » de Kagame », desc-wondo.org, 27 août 2014. Dans une armée classique, un général est à la tête d’une brigade. Les effectifs d’une brigade de l’infanterie vont de 3.000 à 5.000 hommes.
[6] L’Opération Umoja wetu fut menée par une coalition formée des RDF (armée rwandaise) et des FARDC (armée congolaise) en janvier – mars 2009. Non seulement, elle ne permit pas de neutraliser les FDLR, mais elle permit au Rwanda de faire entrer des milliers de ses soldats sur le territoire congolais. Plus de 12 milles soldats rwandais disparurent dans la nature. Cf. P. Mbeko, H. Ngbanda, Stratégie du chaos et du mensonge – poker menteur en Afrique des Grands lacs, Ed. de l’Erablière, 2014, p. 498.
[7] L’Opération Kimia II fut lancée dans la foulée de l’Opération Umoja wetu. Elle fut dirigée, de fait, par le général tutsi Bosco Ntaganda, selon les experts de l’ONU. Elle sera l’occasion de tueries à grande échelle des populations (hutues et congolaises) sans pour autant parvenir à démanteler les structures des FDLR, restées intactes, selon le Rapport de décembre 2009 de l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW).
[8] L’Opération Amani leo est lancée en janvier 2010 pour une durée initiale de trois mois. Elle traînera en longueurs, les haut-gradés de l’armée ayant sombré dans des trafics en tous genres. L’Opération va définitivement s’enliser avec le déclenchement de la Guerre du M23 en avril 2012. Les trois opérations furent l’occasion pour le Rwanda et l’Ouganda, avec la complicité de Kinshasa, de relancer les réseaux de trafics de minerais qu’ils avaient mis en place durant la longue occupation de l’Est du Congo (1998 – 2003). Les objectifs militaires, brandis dans les discours officiels, étaient des leurres.
[9] Après le départ des troupes gouvernementales, les FDLR s’en prenaient à la population pour la « punir » d’avoir collaboré avec les forces qui les poursuivaient. Cf. Rapport HRW, « Vous serez punis - Attaques contre les civils dans l’Est du Congo », 14 décembre 2009.
[10] Il est établi, depuis le Rapport Kassem sur le pillage du Congo, que les FDLR (les vrais et les faux) sont un prétexte dont se servent le régime de Kigali et ses alliés pour légitimer la mainmise rwandaise sur l’Est du Congo. Cf. Rapport S/2002/1146 des experts de l’ONU du 16 octobre 2002, p. 16.
[11] “Rwanda Has Become World's Largest Coltan Exporter, Reports KT Press”, prnewswire.com, Dec. 16, 2014.
[12] La loi Dodd-Frank a été adoptée par le Congrès américain le 12 juillet 2010. Concrètement, elle vise à empêcher la mise sur le marché de quatre minerais en provenance du Congo au motif que ces minerais alimentent la poursuite des conflits armés. (Le tantale/coltan, l’or, le diamant, l’étain et le tungstène). Dans la pratique, cette loi prive le Congo de la capacité de vendre directement ses minerais aussi longtemps que dureront les troubles dans les régions minières de l’Est, une faille que le Rwanda et l’Ouganda exploitent remarquablement. En provoquant des troubles en permanence dans l’Est du Congo, les deux pays exportent les minerais pillés dans l’Est du Congo en les faisant passer pour leurs productions nationales.
[13] Les présidents Kagame, Museveni et Kabila forment un triumvirat qui orchestre la mise sous tutelle du Congo par les milieux d’affaires anglo-américains et la Monusco, selon le dernier ouvrage de l’analyste géopolitique Patrick Mbeko. Cf. P. Mbeko, H. Ngbanda, Stratégie du chaos et du mensonge – poker menteur en Afrique des Grands lacs, Ed. de l’Erablière, 2014, pp. 407-516.