COMMUNIQUE DE PRESSE LES FDU-INKINGI DENONCENT LA CONDAMNATION ARBITRAIRE DE SA TRESORIERE ADJOINTE MADEMOISELLE GASENGAYIRE LEONILLE
Comme il n’avait pas de preuves à charge, le tribunal de première instance de Ruhango vient de condamner la trésorière adjointe des FDU-Inkingi, Mlle Gasengayire Léonille, à 30 jours d’emprisonnement, pour poursuivre les recherches de culpabilité selon le tribunal.
Dans son arrêt, le tribunal justifie cette peine d’emprisonnement par la nécessité des recherches de culpabilité. Or, la charge de la preuve appartenant à l’accusation, s’il n’y a pas de preuves formelles de culpabilité, l’accusée doit tout simplement être relâchée. Cette condamnation fait donc partie de toute une série de mesures destinées à harceler les opposants politiques afin de faire peur à toute initiative qui chercherait à demander d’exercer tout simplement les droits fondamentaux, pourtant reconnus par la Constitution rwandaise.
Mlle Gasengayire avait été arrêtée le 23 août 2016, alors qu’elle se trouvait chez ses parents à Kivumu-Rutsiro dans la province de l’Ouest, dans le cadre d’une visite familiale. Détenue d’abord illégalement sans charges par un commandant local, les autorités avaient fini alors par l’accuser d’inciter la population à se révolter contre le gouvernement.
Cet épisode n’était pas le premier, puisque Mlle Gahongayire avait été arrêtée en mars 2016 à la prison centrale de Kigali, connue sous le nom de « 1930 ». Lors de cette arrestation, elle apportait la nourriture à Mme Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des FDU-Inkingi, qui purge une peine d’emprisonnement de 15 ans prononcé à l’issue d’un procès politique lui intenté par les autorités rwandaises pour l’empêcher notamment de se présenter aux élections présidentielles de 2010 et de faire enregistrer son parti politique, les FDU-Inkingi. Mlle Gasengayire avait alors été enfermée illégalement dans une cellule de la station de police de Remera-kigali, d’où elle devait réapparaître deux jours plus tard, après que les autorités de police lui ont retiré tout document attestant de cette arrestation illégale.
La présente condamnation est purement et simplement arbitraire. En effet, une série d’événements montre qu’il n’y a pas de preuves tangibles de culpabilité et que les autorités se donnent juste le temps pour les fabriquer. En effet, après son arrestation, le secrétaire exécutif de Rutsiro avait tenu une réunion publique dans laquelle il avait appelé la population à venir témoigner contre Mlle Gasengayire, puisqu’évidemment il n’y avait pas de preuves de culpabilité. Les témoignages donnés par la suite se sont contredits, le premier témoin affirmant que l’accusée l’avait trouvé entrain de cultiver ses champs, le second affirmant quant à lui qu’il s’occupait de préparer sa moisson. Or, alors que l’accusation prétend que Mlle Gasengayire était en train d’inciter la population à cultiver les champs que l’Etat s’apprête à exproprier à leurs propriétaires, un des témoins continue aujourd’hui d’exploiter son champ alors que Mlle Gasengayire est toujours en prison. Qui donc continue d’inciter cette personne à cultiver son champ ?
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L’accusation prétend que l’accusée a fait signer des pétitions à la population, or, à ce jour, l’accusation n’a pas encore montré ces pétitions. Elle l’accuse en outre de provoquer des troubles à l’ordre public, alors qu’aucun incident n’a été signalé dans le village d’où est originaire l’accusée. Quand on sait que l’accusée n’a passé qu’un jour chez sa mère et que le reste de son temps, elle l’a passé chez sa grande sœur dans un village éloigné, l’on se demande comment elle aurait pu provoquer des troubles à l’ordre public dans le village de sa mère, tout en étant dans un village éloigné chez sa sœur ? Tous ces éléments montrent que l’acte d’accusation de Mlle Gasengayire Léonille est vide et que le but poursuivi tient plutôt à la volonté du pouvoir de continuer à harceler les opposants pour les faire taire.
Il est clair aussi que le pouvoir a plutôt peur que la population expropriée sans compensation ne réclame ses droits et au lieu de s’attaquer au fond du problème, le pouvoir fait diversion en cherchant des boucs-émissaires. Ce n’est pas la première fois que des personnes sont arrêtées pour avoir exercé leurs droits. L’année passée déjà, des étudiants avaient été arrêtés pour seul motif d’avoir écrit au premier ministre pour lui demander d’intervenir dans le dossier de leurs bourses d’études.
Les FDU-Inkingi demandent au gouvernement rwandais d’ordonner la libération de Mlle Gasengayire Léonille sans délai et de mettre fin à des actes de harcèlement et d’intimidation dirigés contre ses membres.
Elles demandent également au gouvernement de réviser et de clarifier tous les articles de loi en rapport avec l’incitation aux troubles à l’ordre public, puisque ces articles sont régulièrement utilisés à tort et à travers pour museler l’opposition et l’empêcher de revendiquer ses droits politiques. Les FDU-Inkingi demandent à la Communauté Internationale, aux pays bailleurs de fonds du gouvernement rwandais, aux organisations internationales des droits de l’homme ainsi qu’à toutes les personnes éprises des valeurs de paix et de démocratie ayant une influence quelconque, de faire pression sur le gouvernement rwandais afin qu’il cesse des actes d’intimidation et de harcèlement et qu’il libère tous les prisonniers politiques et ouvre l’espace politique, pour permettre à la population de jouir pleinement de ses droits fondamentaux civiques et politiques garantis par la Constitution rwandaise et par les conventions internationales que le gouvernement rwandais a signées.
Les FDU-Inkingi demandent enfin à ses membres ne pas céder à ses actes d’intimidation et de continuer de tout faire pour amener le gouvernement rwandais à l’acceptation d’un débat démocratique pluraliste.
Fait à Paris, le 14 septembre 2016
Pour les FDU-Inkingi
Dr Emmanuel Mwiseneza
Deuxième Secrétaire général
Contact : emwiseneza@hotmail.com
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