mardi 25 octobre 2016

FDU-INKINGI/ LETTRE OUVERTE A MONSIEUR ALAIN BILLEN SUR LA RESOLUTION DU PARLEMENT EUROPEEN N° 2016/2910(RSP) CONCERNANT MADAME VICTOIRE INGABIRE UMUHOZA

FDU Rwanda

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR ALAIN BILLEN SUR LA RESOLUTION DU PARLEMENT EUROPEEN
N° 2016/2910(RSP) CONCERNANT MADAME VICTOIRE INGABIRE UMUHOZA


Cher Monsieur,


Dans votre édition du 19 octobre 2016[1], vous réagissez de façon outrancière suite à l’adoption par le Parlement Européen de la Résolution n° 2016/2910. Les FDU-Inkingi, Parti d’opposition démocratique et pacifique, constate et déplore :

A.             Des a priori attentatoires à la vérité et à la justice

1.       S’agissant des tenants et aboutissants de la visite de la délégation parlementaire, vous relevez que la délégation devait se limiter à « apprendre » des réalisations du Rwanda en matière des droits de la femme. Selon vous, la visite à l’endroit de Mme INGABIRE et les critiques formulées sur le sort des droits civiques et politiques, ne faisaient pas partie du domaine couvert par la visite de la délégation parlementaire. Téméraire et vexatoire, vous allez jusqu’à présumer un « agenda caché » de la part de la délégation parlementaire !
Cette position nous parait pour le moins surprenante. En effet, une délégation du Parlement européen se serait-elle déplacée uniquement pour voir les succès du pays, par ailleurs largement exagérés par les chantres du régime ? A quoi aurait servi la mission si elle n’avait pas tenté de s’informer sur les cas de femmes rwandaises privées de liberté, dont entre autres la prisonnière politique Mme INGABIRE ?
2.       Quant au refus de l’autorisation de visite par l’administration rwandaise, vous hypothéquez d’ores et déjà votre jugement en qualifiant, a priori, de « raisons pertinentes » les motifs de refus de l’autorisation de visite. Si nous nous référons à la lettre de Mme la Ministre des Affaires Etrangères n° 2334/09.16/DEA/16 du 14 octobre 2016, nous constatons que la demande a été faite contrairement à vos assertions. Le refus de l’autorisation n’est même pas motivé, si ce n’est pour dire que Mme Victoire Ingabire Umuhoza a été condamnée selon les lois du pays !
D’où tirez-vous donc les « raisons pertinentes de refus » ?
Ceci montre à quel point vous prenez fait et cause pour l’administration rwandaise, comme se doit tout journaliste rwandais ayant accepté de servir la dictature rwandaise, vous-même étant depuis 2014 Journaliste de “KT PRESS” – “Kigali Today” qui fait souvent échos des positions du gouvernement rwandais.

B.             Le Procureur Bis

1.       Faisant dans l’imposture et vous érigeant en Procureur Bis ; vous restez conséquent avec vous-même pour alléguer des demi-vérités journalistiques commandés par Kigali. Ainsi vous rendez compte, mais d’une façon oh combien partiale, du processus judiciaire dont a été l’objet Mme Victoire INGABIRE Umuhoza. En effet, si vous aviez lu les jugements au 1er et 2ème degré, ainsi que les commentaires d’autorité y relatifs, vous auriez constaté, entre autres, que le chef de collision avec les FDLR n’a pas été retenu contre Mme INGABIRE. Encore une fois, vous vous faites simplement l’écho d’une presse de caniveaux comme celle qui s’acharna sur Mme Victoire Ingabire Umuhoza après son retour au Rwanda en 2010. Si vous vouliez rendre compte du procès sur ce chef, pourquoi ne pas avoir rapporté, aussi, le fait que les preuves présentées sur ce chef étaient fausses ?

2.       Au lieu de verser dans le mensonge pur, avez-vous consulté des témoins crédibles qui ont pris position sur le procès INGABIRE, comme Amnesty International, Human Rights Watch ou le Parlement Européen ?
Ces organisations ont dénoncé les graves irrégularités qui ont entaché le procès en première instance, qui n’a pas été jugé de manière équitable. Dans son rapport,  Amnesty International attire l’attention sur des déclarations publiques préjudiciables faites par le Président[2] du Rwanda avant le procès ainsi que sur l’utilisation d’aveux de détenus au Camp Kami, où on aurait eu recours à la torture pour leur extorquer lesdits aveux. C’est alors qu’en mai 2013, après avoir témoigné contre Victoire Ingabire devant la Haute Cour rwandaise en 2012, quatre témoins de l’accusation et un co-accusé ont révélé à la Cour suprême que leurs témoignages avaient été falsifiés. Malgré ces anomalies, la Cour Suprême n’a pas entendu rectifier les erreurs commises lors des procédures judiciaires antérieures vis-à-vis de Madame INGABIRE. Bien au contraire, elle a alourdi sa peine en la condamnant le 13 décembre 2013 à 15 ans de prison ferme.

Par ailleurs, des responsables rwandais dont le procureur général, ont affirmé que les inculpations formulées contre Victoire INGABIRE n'étaient pas liées à ses contacts présumés avec les Interahamwe, mais à l’impact que pouvait avoir son discours. C'est ainsi que le procureur général Ngoga a lui-même déclaré :« Le problème c'est la philosophie sous-jacente. Ce n'est pas une question de criminalité, mais de philosophie. L'insistance [sur l'obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre du FPR] n'est pas fondée sur l'inquiétude de voir un groupe oublié. Non, elle repose sur une tentative de minimiser l'ensemble de l'opération génocidaire ».

3.       S’agissant de vos propos sur la famille de Mme INGABIRE et sur son parti les FDU-Inkingi, vous prenez à votre compte tout un ramassis de mensonges colportés par des journalistes indignes,ayant certainement quelques intérêts à défendre au détriment de la probité morale qu’exige le métier de journaliste. D’une part, vous savez que la stratégie du jugement par contumace a été largement utilisée par les Gacaca pour faire taireses opposants réels ou supposés. C’est certainement dans ce contexte que Mme Thérèse Dusabe, mère de Mme INGABIRE aurait été condamnée.

En revanche, sur Mr Muyizere Lin, mari de Mme INGABIRE, il s’agit là de nouveau de la stratégie enclenchée aux Pays-Bas par le gouvernement rwandais depuis juin 2010 pour poursuivre la politique de répression du gouvernement rwandais contre ses opposants réels ou supposés. C’est pourquoi cette manœuvre machiavélique  a commencé seulement quelques semaines après la première arrestation de sa femme, en Avril 2010, et seulement quelques semaines avant les élections présidentielles, dans la tentative désespérée de briser moralement Mme Victoire Ingabire. Les fausses accusations portées contre Lin Muyizere font partie de plusieurs litiges que les rwandais aux Pays-Bas ont porté devant la justice néerlandaise et dont certains fondements se sont déjà écroulés.

Les FDU INKINGI trouvent donc que vous n’êtes ni le premier ni le dernier prototype de ceux qui s’improvisent en spécialistes des problèmes rwandais pour vivre aux dépens des souffrances du peuple rwandais, en encensant  sans réserves la dictature qui l’opprime.



Fait à Paris, le 23 Octobre 2016
Pour les FDU INKINGI
Dr Emmanuel Mwiseneza
Deuxième Secrétaire Général  

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